Dans un sciences et vie récent j’ai vu un projet de fabriqué du pétrole à partir du carbone dans l’air en recourant à l’énergie hydrique pour le synthétiser.
Je crois que dans l’avenir nous aurons en grand conflit entre une écologie marchande du développement durable et une écologie non-marchande des écosystèmes, exprimée comme suit :
- Bois-énergie contre écosystème forestier
- pétrole synthétique fabriqué à partir des énergies renouvellables, barrages contre écosystèmes de rivières.
- éoliennes contre flux migratoires
…
Bien sûr le processus est déjà entamé.
Sans compter aussi les surfaces agricoles de biocarburant en concurrence avec les surfaces agroalimentaires. Il est clair que quand les pressions vont devenir extrêmement tendues entre les deux, la soupape et les convoitises vont se répercuter sur les espaces naturels restants, et les règlements de parcs et de réserves auront probablement peu de poids.
En tout cas, cela risque d’exacerber la tension écologie contre société, société contre écologie.
]]>1) Une nouvelle législation forestière (en espérant voir François Ost). Voir comment changer la juridiction liée au bois mort. S’acheminer sur le long terme vers un droit d’usufruitier des forêts avec maints avantages à le faire en alternative à l’acte de propriété dans une perspective d’écologie globale. Enrichir le compte-tenu de réflexions dans cette direction entre vision éthique et faisabilité technico-juridique et l’interdisciplinarité des personnes pouvant traiter le sujet.
2) Fortement inciter à la création d’un observatoire écologique, culturel et social des forêts indépendant de l’ONF, et dans ce mouvement, libérer pour le moins la représentation institutionnelle des forêts françaises de la partialité réductrice de la filière bois (si du moins le statut d’EPIC est maintenu pour l’ONF. Sinon questions ouvertes sur un changement statutaire de l’ONF… )
Faire remarquer le caractère fort gênant du rôle éducatif de l’ONF vers les enseignants, et son influence déterminante sur les médias de sorte que la connaissance forestière scientifique et culturelle se retrouve rétrécie dans le champ fermé d’une certaine orthodoxie sylvicole exclusive au détriment des intérêts globaux de la forêt. Dit autrement : Libérer l’éducation aux forêts des conditionnements de la pensée liée à la sylviculture industrielle.
La création de cet observatoire se chargerait de fédérer l’interdisciplinarité des connaissances et de valoriser la cohérence de ces connaissances auprès du public, et des élus dans des processus de décisions. On pourrait concevoir aussi dans la prolongation de cet observatoire, une sorte de « sénat de la forêt», une sorte de chambre de votants, ou un conseil des sages, ou encore un espace de brain-storming créatif, permettant de confronter la gestion forestière à une consultation démocratique instruite.
3) Dans une idée plus ludique, constituer un atelier brain-storming (exploration créative), où tous ceux qui y participeraient, essayeraient de se mettre dans la peau de leurs arrières-petits enfants regardant les paysages que nous leurs auront léguer, et qui en fonction de leur culture qui ne serait en rien la nôtre actuellement, d’imaginer ce qu’ils nous demanderaient de repenser dans notre gestion forestière actuelle.
]]>Un autre thème intéressant sera aussi de débattre les bénéfices de la restauration en liason avec sa durabilité et comparaison des prix à payer
]]>soyez rassuré, le volet Humanité ne sera pas oublié. Contrairement au colloque de 2008 (www.naturalite.fr) qui avait isolé une 1/2 journée spécifique (sur 3 jours) sur le sujet (voir les actes publiés en 2010 chez Lavoisier ou les vidéos en ligne), le parti pris cette année est :
1) de distiller les interventions de sciences humaines dans chaque session (il y aura donc normalement 25% de sciences humaines) ;
2) la soirée tous publics sera sur une thème spécifiquement « entre nature et culture », sur la dimension culturelle de la nature.
Merci de votre remarque à propos. Elle nous stimule et motive à maintenir ce cap toujours difficile à tenir.
Cordialement
Daniel Vallauri
a) Vous parlez de « libre évolution » : cela concerne bien des surfaces en Méditerranée depuis l’après-guerre. Ces surfaces continues existent toutefois sous diverses formes. Le principal en surface, ce sont des forêts jeunes, des friches, des maquis, souvent récemment installés sur des terres abandonnées par l’agriculture. Ces forêts posent des questions spécifiques de sensibilité à l’incendie pendant disons le premier centenaire de la dynamique de colonisation par la forêt. Elles n’ont pas vraiment de bois mort en grande quantité car elle sont jeunes et en croissance, ou alors de petit diamètre, ce qui avec la structure verticale continue est un facteur clé de la propagation du feu (d’où le besoin de débroussaillement proche des lieux de départ les plus sensibles). Au-delà de la « libre évolution », c’est aussi la question de la continuité du même type de peuplement qui se pose. On cherche à augmenter la connectivité, via les trames vertes, mais effectivement la société peut (doit) penser aussi des discontinuités quelques fois, pour la lutte contre l’incendie par exemple ;
b) Un autre cas, plus rare, sur de plus petites surfaces, correspond à des forêts à la fois en libre évolution et mature, avec beaucoup de vieux arbres vivants et du bois mort. Ce sont des forêts à mon sens plus importantes pour la conservation en Méditerranée. Elles sont anciennes, même si elles ont été exploitées il y a longtemps, de structure haute moins sensibles à l’incendie, avec des arbres matures d’âges >150 ans, des espèces non pionnières – chêne blanc, hêtre par exemple -, du bois mort et des gros arbres importants pour la faune et fonge saproxylique et cavicoles… On est là dans les forêts « les plus naturelles » de la région méditerranéenne. Ces forêts ne me semblent pas « sales, source de propagation du feu ». La preuve, si elles ont vieilli c’est souvent qu’elles y ont échappé ou relativement résisté au feu.
Pour la question spécifique du bois mort et de l’incendie, je vous renvoie vers les actes du colloque organisé sur ce sujet en 2004 (actes en 2005, chez Lavoisier ; article de Eric Rigolot, spécialiste de l’incendie à l’INRA, pp. 181-191). Ce n’est pas le bois mort qui mets le feu ; le bois mort est combustible – comme tout bois – mais ce sont les petits bois – vivants ou morts – qui augmentent l’inflammabilité (y compris par exemple les rémanents d’exploitation non dégradés). Après, un incendie de gros bois vivant ou mort, le seul problème « supplémentaire » que cela amène, c’est la question de la longueur de la période de surveillance nécessaire par les pompiers (plus longue) pour éviter les reprises à partir de ‘souches’.
Bien sûr ces premiers éléments de réponses sont simplifiés. Il y a bien d’autres cas intermédiaires. Entre les forêts anciennes matures et les forêts récentes jeunes en déprise, il n’y a souvent que 150 ans d’écart, ce qui est long pour un élu, mais court pour un écologue forestier.
En tout cas, cela montre que votre question mérite assurément d’être mise en débat et en regard des questions de « libre évolution », « ancienneté », « maturité » et « continuité/trame » qui forment la base du colloque. En ajoutant aussi sans doute une perspective « science humaine », à savoir la question des perceptions de ce qui est « sale » et « naturel », qui biaisent souvent bien des discussions et actions avec les élus et même entre techniciens.
Très cordialement
Daniel Vallauri
Dans le sud il faut impérativement arriver à formaliser une réponse scientifique incontestable pour argumenter contre l’affirmation » la forêt naturelle, sale, source de propagation du feu ». C’est un enjeu pour aider les animateurs de terrains et agents des collectivités à répondre aux élus et forestiers qui s’interrogent sur la libre évolution des forêts.
Cordialement,
Christophe SAUTIERE
Chef du Service Environnement
Conseil Général de l’Ardèche